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Voyage Marseille - (Alger - Constantine)

Voyage Marseille - (Alger - Constantine)
© Sarah Nedir

Le voyage que nous avons mis sur pied n’a pas reçu les autorisations nécessaires pour être réalisé comme prévu. Pas de visa pour Algérie, mais un projet redimensionné a vu le jour grâce à l’inventivité de notre équipe: un projet fort et minimal, une piste à suivre, à exploiter comme le filon d’une mine d’or : Marseille, porte de l’Algérie.

Dimanche

Arrivée à Marseille. Descente des escaliers de la Gare Saint-Charles. Deux statues féminines érigées à la gloire des colonies d’outre-mer se pâment de part et d’autre de l’ouvrage. Sébastien Grosset nous plonge dans le quartier de Noaille ; rue d’Aubagne, huit personnes ont trouvé la mort dans l’effondrement de leurs immeubles jamais entretenus. Sur la Plaine, Berlin : un mur d’éléments préfabriqués en béton a été dressé pour protéger l’avancement des travaux d’embellissement de la place. Expropriation d’espaces publics, arrêtés de péril, exosquelettes, étais, rue barrées, évacuations avant effondrement ; les habitants se révoltent :  Green Guerilla. Marseille tombe.

Lundi

Pas de visas. Franchir la Méditerrannée et débarquer à Alger ne sera pas possible.

Alger, c’est à Fontvieille que qu’il faut la trouver. Un grand trou dans le paysage : c’est le volume excavé de « Climat de France ». A côté, on exploite encore la carrière. Quarante mètres linéaires de blocs de sept tonnes par jours. Cette fois, c’est pour la Chine, des copies de châteaux français.

Aix. Nicolas Memain nous guide. La richesse de son vocabulaire nous renvoie à notre piètre condition d’architecte. Premier Pouillon, premier contact : pierres brut de sciage, pigeoniers, garde-corps tournés en bois, tuiles romaines, articulations d’angle et rez-de-chaussée habités : toute une écriture.

Retour en bus. Stop à Vitrolles. Un palmier en aluminium est brandi comme un point d’honneur devant une masse de béton noire échouée au milieu d’une décharge de bauxite. Le zénith est au plus bas, mais un architecte Marseillais y a écrit sa légende. Notre guide nous l’assure : si tu veux un bon souvenir de Marseille, n’y vas pas. Heureusement, c’est trop tard.

Mardi

Derrière la gare, la bibliothèque universitaire. Du Pouillon dans un style néoclassique, colonnade, espace central. Le directeur nous reçoit. Il pleut. Le toit en tôle fuit ? Ça arrose nos plantes. Il fait chaud l’été ? Et alors, on est en vacances. Du bruit quand il pleut ? Vous préféreriez être sourds ? Le chauffage ? Faut s’habiller en hivers. La question du point de vue est essentielle. Suivent le Panier, la Tourette et le Vieux Port.

Mercredi et jeudi

Suivre Pouillon. Aix, Marseille, La Seyne-sur-Mer. Retour aux sources et visite du Thoronet. La piste nous mène à Arles. Le chapître du cloître de l’abbaye de Montmajour évoque le travail de Pouillon en Algérie à travers une grande exposition photographique de Leo Fabrizio et Daphné Bengoa.

Alger en négatif dans la carrière et en positif sur les murs de l’abbaye de Montmajour.

La piste s’arrête là. Le voyage a pu révéler cet étrange cycle de la pierre extraite qui devient mur, de l’horizontal au vertical et inversement. Nous reprenons le train pour Genève, avec une envie encore plus forte de traverser de la Méditerrannée.

Préparation du voyage: Sarah Nedir, Jeanne Della Casa, Stéphane Emery.

Guides : Nicolas Memain et Sebastien Grosset.

Merci à eux.