L’ESPOIR D’UNE VI(LL)E NOUVELLE
Au moment où ces lignes seront couchées sur papier par la magie des rotatives, une année se sera écoulée depuis qu’un être vivant nanoscopique et nuisible aura transité d’un animal à Homo sapiens. Alors que la ville chinoise de Wuhan nous était encore inconnue il y a peu, elle est désormais le symbole d’une mutation qui a changé le monde.
La pandémie a touché toutes les professions du bâtiment et des infrastructures, initiant peut-être une forme d’électrochoc quant à notre présence sur le small world que nous colonisons sans modération. Cette remise en question, augurant de nouvelles bases de réflexion, a quasiment coïncidé avec le moratoire instauré sur la densification accrue de la cinquième zone qui a brusquement affecté les mandataires. En écho à
la propagation virale, le fait d’introduire un peu de sagesse — sapienza — dans le désir de conquête d’espaces et de paysages parfois rares est peut-être arrivé à point nommé. L’année qui s’achève renvoie également au quinzième anniversaire de la naissance du PAV. En effet, c’est en 2005 que la section genevoise de la Fédération des architectes suisses (FAS) lançait un concours international d’idées au titre évocateur : « Genève 2020 ». Comme dans les meilleurs romans d’anticipation d’Orwell à Herbert, il y a l’instant t où le temps de la fiction rencontre celui de l’actualité. Aujourd’hui, en 2020, on aurait imaginé pouvoir tirer un premier bilan
de ces futurs quartiers constituant la constellation « Praille – Acacias – Vernets ». Ce n’est toutefois pas encore le cas. Le cahier thématique de ce numéro d’Interface montre qu’il est opportun de se poser des questions de fond avec l’espoir
de voir surgir une ville nouvelle qui aura pris la mesure de ces quinze années passées et sera, on l’espère, à l’image d’une société avancée.
Enfin, la pause parfois forcée a permis à la Fédération des associations d’architectes et d’ingénieurs de Genève (FAI) de concevoir un nouveau graphisme pour Interface, offrant à la revue de notre association faîtière un second souffle fait de rigueur et de fraîcheur, en accord avec cette période particulière où une approche réflexive peut redevenir une aspiration partagée par toutes et tous.
PHILIPPE MEIER PRÉSIDENT DE LA FAI
Textes de Philippe Meier, Jean-Paul Jaccaud, Patrick Longchamp et Daniel Zamarbide
https://www.fai-ge.ch/interface