QUELLE VILLE POUR DEMAIN ?
Parmi les pistes souvent évoquées pour ériger la ville durable du futur, le bois tient une place prépondérante dans la vision que chacun·e se fait du mieux construire au temps de
la transition énergétique. Ce matériau a traversé les siècles et est associé à un précieux savoir-faire. Il suffit de se remé- morer que les premiers temples antiques étaient issus de
la pensée constructive ligneuse. La modénature de leurs frises en pierre en témoigne.
Pour répondre à la poussée démographique et à la densi- fication du domaine bâti, le secteur de la construction va devoir peut-être massivement recourir à cette matière renouvelable. Quelques interrogations vont alors se poser : quelles sont les ressources en bois ? quelle traçabilité ? quelles implications sur le paysage ? quelles règlementations ? quelle disposition des milieux économiques à cet égard ? enfin, quelles concessions à notre confort d’habitant·e serons-nous prêt·e·s à faire pour tendre vers un bien-être collectif — paradigme récent qui dépasse le domaine
de la construction ?
D’un côté, chaque arbre en ville est « sacralisé », de l’autre des millions vont être « produits » pour être abattus à
des fins constructives et pour nous prémunir des émissions de CO2. À la différence des légumes ou des saumons, le temps pour devenir « prêts à la consommation » se chiffre en décennies, et non en semaines ou en années.
C’est autour de ces enjeux que le présent numéro d’Interface souhaite proposer quelques perspectives en un temps pro- pice à la réflexion. Il est accompagné de douze textes offerts par nos collègues architectes de la FAS dans le premier recueil des Ensembles d’écrits, comme pour entrer en réso- nance avec la récente assertion du conseiller fédéral Alain Berset : « Le temps des penseurs et des écrivains doit venir1. »
PHILIPPE MEIER PRÉSIDENT DE LA FAI
https://www.fai-ge.ch/interface