Voyage 2023 : "Es ist was es ist"
Il y a deux ans paraissait un magnifique ouvrage sur un architecte autrichien trop tôt disparu : Es ist was es ist; Gerold Wiederin, architekt de Simon Baur.
A travers son oeuvre, le livre explore l’intimité de notre pratique, celle d’un quotidien formé de riches collaborations, de concours gagnés jamais réalisés, de chantiers, de bureaux remplis de maquettes de projets jamais aboutis.
Le voyage a ouvert le livre et tenté de suivre le fil des pages pour un parcours qui nous a mené de Bâle à Innsbruck en passant par Feldkirch en Autriche, pour se terminer en Engadine et au Tessin.
HF. La couverture du livre ne représente pas seulement le motif de toiture de la chapelle de Locherboden; c’est un message que nous avons pu déchiffrer à temps : nous devions rencontrer Helmut Federle.
Le vendredi soir, sous le toit de la chapelle, au milieu des membres de la FAS Romandie réunis autour de l’autel en béton, Helmut Federle a emmené son auditoire dans des sphères où il n’est question que de spiritualité et d’énergie vitale.
A la lumière du vitrail formé par des blocs colorés de verre bruts, enchâssés dans une fente du mur en béton et retenus par une grille en fer forgé, Helmut Federle a parlé de la vibration spirituelle de la chapelle, émise par ces blocs de verres trouvés à la sortie des fours d’une verrerie lors d’une épopée en voiture avec Gerold sur les bords du Danube. Une vibration comparable à celle du Campus III de Novartis.
Pour l’artiste, Novartis Campus III, que nous avons vu le jour avant à Bâle, ce n’est pas une façade, c’est une œuvre d’art dans laquelle il n’est question ni de fonctionnalité, ni d’esthétique. La vibration qu’elle dégage est semblable à celle du vitrail de la chapelle ; c’est une énergie spirituelle, qui résonne avec le bâtiment. Un artiste ne suit pas de règle ni de programme, il n’est pas designer ; les choses se passent entre le cœur et l’âme.
Si le bâtiment Campus III porte la signature conjointe de Roger Diener, Gerold Wiederin et Helmut Federle, Gerold Wiederin a sans doute été la personne capable de porter à terme la réalisation de l’œuvre d’art de son ami et mentor Helmut Federle.
Helmut Federle et Gerold, alors jeune architecte travaillant chez Herzog & de Meuron, se sont connus lors de la réalisation des logements de Pilotengasse à Vienne ; ils ne se sont plus quittés.
Gerold a su capter et partager l’imaginaire que Helmut Federle a ramené des plaines désertiques traversées lors de ses innombrables voyages, en Amérique du nord ou en Afrique, riches de matière brutes, sableuses et colorées, humbles et rocailleuses, à l’endroit où la terre et le ciel se mélangent pour émettre cette vibration cosmique que l’on retrouve dans la chapelle ou le bâtiment Novartis.
Intervenant.e.s :
Mathieu Bujnowski, architecte, Kabinett, Bâle, Silvia Buol, artiste, Bâle, Dr Almunt Grunewald, historienne de l'art, archives du gta, ETH, Zürich, Gerold Tagwerker, artiste, Vienne et Feldkirch, Helmut Federle, artiste, Vienne, Helmut Hörmann, professeur, bibliothèque des chroniques de l'Oberland, Hannelore, sacristaine paroisse de Mötz, Christof Rösch, architecte, artiste et curateur, Fondaziun Nairs, Tarasp, Angela Erni, historienne de l'art, gérante de la Villa Garbald, Castasegna