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Voyage 2020 : Grand Tour

Voyage 2020 : Grand Tour

Les voyages d’architectures s’inscrivent dans la tradition du Grand Tour. A l’heure de l’accès illimité aux informations virtuelles, ils offrent encore la possibilité d’expérimenter des émotions spatiales. Mais ces voyages satisfont-ils toujours notre désir de découverte et créent-ils une distance propice à l’analyse ? En cette année particulière du début du XXIe siècle, où nous avons à repenser notre rapport au temps et à l’espace, allons à la découverte du voyage d’architecture.

Dans un monde replié sur lui-même, nous saisissons l’occasion pour proposer un voyage conceptuel, une réinterprétation du Grand Tour, sans sortir des limites de notre section. L’idée est de transposer le voyage en Italie sur la descentes des gorges de l’Areuse dont la nature a la force évocatrice des payages romantiques du XVIIIe. 

Le Grand Tour commence à l’auberge de la Grand-Vy, sur le Creu-du-Van. Perché au sommet des travées les plus hautes du Colisée, une lecture des carnets du voyage en Italie de Stendhal nous transporte au coeur de l’arène. Les marches, assez raides au départ, nous conduisent au pied du monument. Sur le parcours, Pierre-André Delachaux, humaniste aux multiples casquettes, nous parle des bienfaits de la fée verte qui hante les contes de la région tout autant que les brumes des plus grands artistes de la fin du XIXe siècle. Il poursuivra dans l’après-midi avec la construction romantique et l’image naturaliste de la région sur les traces de notre illustre prédécesseur Jean-Jacques Rousseau. 

La Ferme Robert, nous attend pour la pause déjeuner. Repus, nous poursuivons le long des Gorges de l’Areuse jusqu’à Champ-du-Moulin. Rencontrés en chemin, Marie Villemin et Arthur de Pury, curatrice et curateur indépendant, ancien-ne directrice et directeur du CAN Centre d’art Contemporain de Neuchâtel, évoquent tour à tour, à travers un exposé sans concession, l’évolution de la position romantique, le rapport à la nature de l’art contemporain et la vie des abeilles. Leur exposé abouti à la conclusion convaincante qu’il faut sortir l’art de l’anthropocentrisme en proposant la création de l’institut pour la prolifération d’un art non destiné à l’Homo Sapiens (IPANAHS).

Nous passons la soirée en leur compagnie à l’Hôtel de la Truite, dans lequel a séjourné Jean-Jacques Rousseau tout comme Grégoire Mayor, co-directeur du Musée d’Ethnographie de Neuchâtel, qui se joint à notre table. Au café, chacun-e évoque, un souvenir lié à un voyage initiatique. La discussion laisse entrevoir la variété des attentes et des enrichissements qu’ils apportent.

Le périple reprend le lendemain par la descente des Gorges, jusqu’aux rives du lac. A la traversée de la passerelle conçue par Laurent Geninasca et Bernard Delefortrie, nous expérimentons des jeux de perspective inattendus. Plus loin, nous nous arrêtons sous la coupole du Panthéon. Une lecture des Mémoires d’Hadrien fait écho à un magnifique témoignage d’Olaf, qui, en traversant le rayon lumineux qui pénètre les jours d’été par l’oculus de la coupole, a senti le monde qui l’entourait se dématérialiser. Rome semble ancrée dans une temporalité qui engloutit tout et pétrifie la vie des hommes qui l’habite. 

Arrivés en ville de Neuchâtel, nous nous présentons dans les jardins de la Villa de Pury, siège du Musée d’Ethnographie. Sous les arbres, un bloc erratique des frères Chapuisat, remet l’ensemble dans son contexte. Grégoire Mayor nous accompagne en nous faisant découvrir l’exposition « Le mal du Voyage » qui nous permet un retour sur ce périple de deux jours en offrant une multiplicité de grille de lecture qui questionnent le champ touristique et les voyages culturels dans ce début de XXIe siècle. 

Organisation: Manuel Bieler, Nicolas Monnerat

Projet IPANAHS

Dépliant voyage