Dès les années 1970, le Valais a été le territoire propice à l’émergence d’une architecture moderne de qualité. Elle nous légue un patrimoine d’une grande richesse, comme en témoigne l’Église Saint-Michel, dans laquelle Jean-Paul Darbellay a marié le mélèze au béton en développant un imaginaire contextuel qui donne au Catogne des airs de Mont Fuji. Une visite guidée par Louis Conforti, architecte passioné de l'oeuvre de Jean-Paul Darbellay, Katsumi Darbellay, architecte et fils de Jean-Paul et Olivier Meystre, architecte et illustrateur, auteur d'une thèse sur la représentation de l'architecture au Japon.
" Donner à chaque objet une âme : Jean-Paul Darbellay (1936 – 2010)
Valaisan érudit et curieux du monde entier, son architecture est influencée par les grands courants occidentaux de son temps, mais aussi imprégnée d’une organisation de la pensée qu’il a ramené du Japon: Ordre – Système – Forme.
L’ordre, l’essence du projet transcende toutes les échelles et organise le programme. Il définit le ou les systèmes, le langage architectural du projet. De ce langage, découle la forme de tout élément, jusque dans les moindres détails.
Si on peut rapprocher son esthétique du béton du Corbusier ou des métabolistes, cette conception des formes et des détails témoigne d’un dépassement manifeste de la rigueur des modernistes. Ajoutée à sa sensibilité aux qualités régionales et sa compréhension du paysage bâti local, elle en a fait la figure proéminente du modernisme tardif en Valais, à l’instar de Louis Kahn aux Etats-Unis.
L’église Saint-Michel de Martigny, premier grand projet de sa carrière, préfigure les traits distinctifs qui caractériseront l’ensemble de son œuvre. Le recours au plan basilical, la centralité de la procession marquent une rupture profonde avec les églises modernes qui l’ont précédées. La lumière naturelle, la monumentalité, l’importance donnée au site (l’église, cure et parvis s’étendent sur l’ensemble de la parcelle), mais aussi la réinterprétation des formes symboliques et sémiotiques de la liturgie, l’expression des qualités structurelles des différents matériaux sont autant de marques supplémentaires de son émancipation du modernisme.
La quantité et la diversité de projets réalisés nous laissent un patrimoine complet et cohérent : logements, infrastructures, usines, centres d’exposition, églises, stations de vacances intégrées, etc., des monuments qui rayonnent sans être mis en lumière, détonnant encore à ce jour avec l’architecture du Valais."