La Veveyse fait partie des cours d’eau qui déjouent les simplifications. Elle a une double origine. La branche dite de Fégire naît au pied du Vanil des Artses, dans les Préalpes fribourgeoises, et constitue une partie de la délimitation entre les cantons de Vaud et de Fribourg. La Veveyse de Châtel prend sa source dans le massif de la Dent-de-Lys, au-dessus des Paccots. Elle traverse Châtel-Saint-Denis, localité qui se trouve sur la ligne de partage des eaux entre le bassins rhénan et rhodanien. On raconte que la pluie qui atteint la partie nord du toit du château s’écoule vers la Broye, le Rhin et la mer du Nord et que celle qui ruisselle de son côté sud plonge vers la Veveyse, le Rhône et la Méditerranée.
Au sud de Châtel-Saint-Denis, les deux Veveyses se rejoignent pour devenir la rivière qui se jette dans le Léman à Vevey, là où la Fêtes des Vignerons célèbre les liens entre le monde des armaillis et celui des vignes, l’alliance du fromage et du vin, de la montagne et du lac. De cette ville, Françoise-Louise de Warens embarque pour la France où elle éduquera Jean-Jacques Rousseau. Plus tard, Dostoïevski y écrit une importante partie de L’Idiot au moment où Henri Nestlé crée ce qui va devenir une des plus grandes entreprises d’alimentation du monde.
Longer la Veveyse c’est se souvenir que c’est une action conjuguée des évêques de Lausanne et des moines cisterciens d’Hauterive au XIIe siècle qui a fait de Lavaux cette région viticole aujourd’hui si célèbre et que le domaine des Faverges, enclave fribourgeoise en territoire vaudois, dis de quelle manière une ligne de frontière peut dessiner un imaginaire de rencontre plus que de séparation.
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